• Guerre et Paix (BBC) sur France 2 prochainement

    "Guerre et paix" à la sauce anglaise

    TéléObs

    L’adaptation télé de l’œuvre de Tolstoï réalisée par la BBC, diffusée prochainement sur France 2, a été plébiscitée par la critique et les téléspectateurs britanniques… Les acteurs reviennent sur l’immense défi que représentait cette saga hors norme.

    15 août 2016 

    De notre correspondante à Londres,

    C’est un monument ! Et adapter à la télévision le chef-d’œuvre de Léon Tolstoï – la destinée de plusieurs familles de nobles russes pendant la campagne napoléonienne en 1812 – semblait une vraie gageure que la BBC a relevée pour la seconde fois ! Et avec succès. Les six épisodes – que France 2 s’est empressée d’acheter – diffusés en début d’année sur la chaîne anglaise ont été plébiscités par la critique et 6 millions de téléspectateurs britanniques…

    Pourtant, avant que ne débute le tournage, les acteurs étaient tétanisés par le défi. Lily James en tremblait presque. "Je savais que c’était un truc énorme..." Sur le plateau de "Downton Abbey", où elle incarnait Lady Rose, elle lisait le livre entre deux prises, en le planquant sous la table. "Ça faisait rire tout le monde", dit-elle. L’actrice succède à Audrey Hepburn, qui, dans le film de King Vidor de 1956, prêtait ses traits à la mythique Natacha, "jeune fille amoureuse de l’amour". Paul Dano, plus habitué au cinéma américain indépendant ("There Will Be Blood", "Little Miss Sunshine") qu’aux séries télé, tient le rôle de Pierre. A lui l’impossible tâche de faire mieux que Henry Fonda qui a interprété le rôle au cinéma (toujours dans le fi lm de Vidor) ou encore qu’Anthony Hopkins, récompensé du Bafta du meilleur acteur dans la précédente adaptation télé, déjà signée de la BBC et datant des années 1970.

    Pour le beau James Norton (le psychopathe de "Happy Valley") :

    "ce fut un terrible privilège. Nous avions l’énorme responsabilité de ne pas saccager ce qui est perçu comme le “Hamlet” slave". 

    Il se souvient qu’un metteur en scène russe, rencontré par hasard à Londres, lui avait carrément souhaité bonne chance ! Car interpréter à son âge – 30 ans – André Bolkonsky, le prince sans illusions, est un défi qu’aucun acteur russe, selon le metteur en scène, n’a osé relever avant la quarantaine bien sonnée. "C’est un personnage tellement complexe", Norton en frissonne encore. Il est vrai que les acteurs ont, à plusieurs reprises, frisé l’hypothermie tant les conditions de tournage étaient parfois difficiles.

    Une série historico-sentimentale hors norme

    Souvent célébré comme le plus grand roman de tous les temps, "Guerre et Paix" est une réflexion sur l’amour, la passion, le sens de la vie. Tous les interprètes de cette adaptation britannique ont lu l’œuvre de Tolstoï, par conscience professionnelle sans doute, mais surtout sur l’injonction du jeune réalisateur Tom Harper ("Peaky Blinders"). Malgré la pression, un casting de vedettes (Gillian Anderson, Mathieu Kassovitz en Napoléon, entre autres...) et un enjeu énorme (quelque 3 millions d’euros par épisode selon la presse britannique), Harper a su, de l’avis général, apporter un peu de légèreté et d’humour sur le plateau de cette série historico-sentimentale hors norme. Des robes, des salons mondains, des traîneaux, des tonnes de neige et des batailles en veux-tu, en voilà. Six mois de tournage en Lettonie, en Lituanie et en Russie, avec pour décors les plus grands palais de Moscou et de Saint-Pétersbourg, comme les ors éblouissants des salons de bal du palais Catherine… Rien n’a été trop beau pour cette saga aux costumes cousus main, où ne manquent ni une toque, ni un manchon, ni un bouton de guêtre...

    On pourrait croire la BBC obsédée par l’auteur russe. Fin 2014, BBC Radio 4 – l’antenne "intello" de la "Beeb" – conviait ses auditeurs à une sorte de marathon "Guerre et Paix". Mais elle n’est pas la seule. En 2007 déjà, le chef-d’œuvre de Tolstoï avait eu les honneurs de France 2, avec 4 épisodes d’une coproduction internationale monumentale – 7 pays impliqués, 25 millions d’euros de budget, 15 000 figurants, 115 jours de tournage... A l’époque, c’est la Française Clémence Poésy qui interprétait Natacha. Cette fois, difficile de savoir combien cette nouvelle production a véritablement coûté mais une chose est sûre : la chaîne anglaise espère un retour sur investissement, avec des ventes internationales prometteuses. Aux dernières nouvelles, c’est le cas : même les Russes ont succombé...

    Par Marie-Hélène Martin, correspondante à Londres 

    Prochainement sur France 2.

    LES DÉFIS D'ANDREW DAVIES

    Pour adapter Tolstoï, la production a fait appel à Andrew Davies. Ce vieux routier des scénarios s’était déjà attaqué au "Docteur Jivago" et aux "Trois Mousquetaires". C’est dans un hôtel de Londres, un verre de vin blanc à la main, que ce jeune homme de 79 ans, que Netflix "paie un paquet d’argent pour cannibaliser [son] “House of Cards”" – il est l’auteur de la série britannique des années 1990, transposée avec le succès que l’on sait aux Etats- Unis –, raconte qu’il s’est beaucoup amusé : "“Le Docteur Jivago”, oui, c’était difficile à adapter ; autre exemple pas commode, “Bleak House”, de Dickens, mais Tolstoï, ce fut assez facile ! Il écrit de superbes scènes avec plein de choses dont vous n’avez pas besoin en tant que scénaristeJ’ai commencé par me demander quels étaient les personnages auxquels on s’intéressait le plus : Natacha, André, Pierre... Et chaque fois que l’action s’éloignait, je la recentrais sur eux. Mais j’étais aussi fasciné par Dolokhovintrigué par Hélène et son frère Anatole... Pour Napoléon, je me suis contenté de suivre les indications de Tolstoï, qui n’est pas très tendre avec lui. Il pointe sa vanité, son côté capricieux. C’est une figure extraordinaire !" Lui a-t-on fixé des limites ? "J’ai eu carte blanche pour écrire toutes les scènes que je voulais. La seule qu’ils m’ont refusée, c’est celle où tout un bataillon polonais périt noyé...", ricane Andrew Davies. Quel est, selon lui, le message le plus important du livre de Tolstoï ? "Nous devons garder une innocence d’enfant dans notre façon d’appréhender la vie car, souvent, les choses les plus importantes sont les plus simples." Son prochain défi ? Une adaptation des "Misérables", de Victor Hugo. Un monument de plus.texte ici...

     

     

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