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Les Misérables by the BBC: 'La série pourrait être en français'
"Les Misérables", la nouvelle série de la BBC, jugée "hyper classique" et "ridicule" !
Publié le mardi 26 mars 2019 à 10h24
À l'occasion du festival Séries Mania, Benoît Lagane, critique série et éditorialiste pour Le Nouveau Rendez-Vous sur France Inter, réalise un podcast original sur place (à suivre en podcast sur Itunes ici ou via RSS là).
Entouré des critiques séries Marion Olité de Biinge (Konbini), Charlotte Blum de Story Séries (OCS), Pierre Langlais de Sérierama (Télérama) et Renan Cros de Popopop (France Inter) et de Cinema Teaser, Benoît Lagane a organisé un débat autour de la nouvelle adaptation des Misérables par la BBC. Alors… Que vaut cette série ?
"Les Misérables" : le roman
Le roman de Victor Hugo est paru en 1862, dans un siècle agité : il y avait eu les émeutes de 1848 (auxquelles l'écrivain a participé en tant que maire du 8e arrondissement de Paris, pour les réprimer) et la Commune aura lieu quelques années après la parution du roman, en 1871… Victor Hugo fait se croiser dans Les Misérables une panoplie de personnages qui gravitent autour d'une potentielle révolte, contre l'injustice du pouvoir en place. La grande force de cette œuvre, c'est de montrer comment cette société française fracturée gronde, gronde, gronde, de manière isolée, jusqu'à progressivement converger vers une révolte commune.
"Les Misérables", adapté en série pour la BCC, ça ressemble à quoi ?
De l'avis de Charlotte Blum :
Il faut arrêter avec les adaptations des "Misérables" !
Elle ajoute : "Ça ne ressemble à rien. Les Misérables, c'est quand même 34 adaptations ciné, 13 adaptations télé… Est-ce qu'on peut arrêter d'adapter Les Misérables ? C'est hyper classique, il n'y a aucun ton, aucune personnalité… Il n'y a rien qui sort du lot. Rien d'exceptionnel. Honnêtement, la 160e adaptation des Misérables, on peut s'en passer…
De plus je trouve qu’il y a une forme d’arnaque. La série s’ouvre sur une scène d’ouverture qui est sublime : un champ de bataille fumeux, la lumière est magnifique, tout est beau, le générique est mêlé dedans, je me suis dit oh là là ça va être trop beau, et dès qu'on sort de cette ouverture, BAM, c’est classique… j’étais partie pour aimer, et je trouve que tout devient classique d’un coup, tout tombe d’un coup".
Autre critique spécialiste des séries, Marion Olité estime quant à elle :
La série pourrait être en français...
"Je comprends pourquoi, il y a dix ou vingt ans, si on faisait une adaptation des Misérables par des Anglais, tout le monde parlait anglais. Mais maintenant, Netflix nous a habitué à regarder des séries en version originale. Ici, la BBC aurait pu faire un petit effort et faire parler les personnages en français. C'est ridicule.
En dehors de cela, l'histoire porte en elle tellement de thématiques,que c'est un ressort pratiquement inépuisable. C'est toujours très intéressant. Et il y a aussi un très joli casting".
Pierre Langlais :
L'important c'est la transmission : que les gens redécouvrent "Les Misérables"
Il dit aussi : "C'est Andrew Davies qui est derrière cette adaptation. Il a fait Guerre et Paix, La Petite Dorrit de Dickens, de Jane Austen... c'est le spécialiste de l'adaptation.
Après, j'entends bien le côté « il faudrait que tout le monde parle français », mais ce que je trouve ridicule c’est les personnages de fond qui parlent en français et ceux devant qui parlent anglais. En dehors de cela, ça ne me choque pas qu’on parle anglais : c’est une production anglaise, avec des acteurs anglais… Après tout je lis de grands romans américains, qui sont traduits en français.
Ceci étant en dit, oui c’est très classique, mais qu’est-ce que ça joue bien... Les face-à-face sont de haute volée, oui c’est une œuvre grand public mais je ne comprends pas pourquoi France 2 n’a pas encore acheté les droits. Certes, il y a déjà 10 milliards d’adaptations, et alors ? Il y a des pièces de théâtre qui tournent depuis des siècles. Ce n'est pas grave".
"Je suis d'accord pour dire que cette série n'invente rien, mais derrière il y a juste quelqu’un qui s’appelle Victor Hugo, donc moi je me roule dedans ! Victor Hugo était un showrunner, Les Misérables, c’était un feuilleton, c'était écrit comme un feuilleton. Et moi j’ai vraiment envie de me rouler dedans. Je sais très bien ce que je vais regarder. Le casting est parfait, c’est un casting de luxe. C’est un peu comme La Comédie-Française quand elle joue Les Fourberies de Scapin, elle n’invente rien, mais elle fait ça tellement bien. On a vraiment une transmission. C’est un très bon succès à la télé anglaise. Et tant mieux si les gens redécouvrent Les Misérables."
Quant à Renan Clos, il conclue en quelques mots :
Je salue le rythme de la série, comparé à la longueur du roman
"Là où la série ne s'en sort pas trop mal quand même, c’est que c’est resserré au maximum. Ça va très vite, et pourtant ça respecte le texte."
Tags: BBC, Les Misérables, BBC1, Andrew Davies, French critics, Victor Hugo
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