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Rebecca
On your TV screens this Christmas, Rebecca (Hitchcock, 1940), an adaptation of Daphne Du Maurier's eponymous novel on FRANCE 3, Fri 26, 13.50 pm
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Le premier film américain de Hitchcock – qui remplaça le projet Titanic – baigne encore dans une ambiance typiquement anglo-saxonne, aux confins du fantastique, empruntée à la littérature de Daphné du Maurier. Si la production est hollywoodienne le sujet comme le décor (les Cornouailles, même si le film est entièrement tourné en studios et en Californie) et les interprètes principaux (Laurence Olivier, Joan Fontaine) sont anglais. Le cinéaste anglais fit des débuts remarqués à Hollywood avec ce long métrage à succès (couronné de l’Oscar du meilleur film de l’année, mais pas du meilleur réalisateur, récompense qu’Hitchcock n’obtiendra jamais.) Sa production fut le théâtre d’affrontements artistiques entre Hitchcock et son nouveau producteur, le tout puissant David O. Selznick, ce qui permit au cinéaste de faire rapidement l’apprentissage des différences entre un tournage anglais et un tournage hollywoodien. C’est sans doute la raison pour laquelle Hitchcock ne voulu jamais considérer ce grand classique comme un vrai « Hitchcock film. » Et pourtant…
Une jeune femme timide (Joan Fontaine) rencontre à Monte Carlo un homme aux pulsions suicidaires (Laurence Olivier.) Il s’agit d’un riche veuf anglais qui retrouve le goût de la vie à son contact, l’épouse sur un coup de tête et l’emmène dans sa vaste demeure, la propriété de Manderley, où le souvenir de la première épouse, Rebecca de Winter, décédée l’année précédente dans des circonstances mystérieuses, hante encore les lieux et les habitants du château, comme un fantôme. Mélodrame romantique et morbide, histoire de demeure hantée par l’ombre écrasante d’une femme morte, belle et fascinante, Rebeccatémoigne d’une sensibilité gothique qu’on associe rarement à Hitchcock, et qui en fait un film à part dans sa carrière – même si il annonce par bien des aspects des œuvres plus personnelles comme Les Amants du Capricorne, Soupçons ou Sueurs froides. Le film débute par la voix de l’héroïne, son évocation ressuscite un monde éteint, et le récit se déroule comme un rêve éveillé. Malgré son intrigue à suspens et de ses multiples coups de théâtre, Rebecca est d’abord un film atmosphérique, avec une utilisation très stylisée des décors et des maquettes, des jeux d’ombre et de lumière. Le château de Manderley devient un personnage à part entière, superbement photographié au point de devenir une référence en matière de demeures hantées régulièrement visitées par le cinéma d’épouvante. Hitchcock met en scène un personnage destiné à marquer les esprits, celui de Mrs. Danvers (interprétée par Judith Anderson), terrifiante gouvernante de Manderlay obsessionnellement attachée au culte de la première Mrs. de Winter, liée à elle par un amour saphique et masochiste qui perdure au-delà de la mort. Un personnage similaire refera son apparition neuf ans plus tard dans Les Amants du Capricorne. Quant à George Sanders, il est bien entendu savoureux et odieux à souhait dans le rôle d’une fripouille cynique et sans scrupule, rôle qui lui va comme un gant et qu’il aura le loisir de peaufiner dans de nombreux autres films. (ARTE)
Tags: Rebecca, Hitchcock, Laurence Olivier, Daphne Du Maurier